La gestion mentale, une voie d'accompagnement des jeunes à hauts potentiels


La gestion mentale rencontre des caractéristiques essentielles du fonctionnement des personnes à hauts potentiels.

Sans entrer dans les détails, la gestion mentale, développée par Antoine de La Garanderie, constitue, sur le plan pédagogique, une approche visant à permettre à la personne de découvrir par elle-même et pour elle-même ses propres stratégies mentales et surtout de les enrichir ; ceci en lui faisant prendre conscience de ce qu’elle fait mentalement mais aussi de ce qu’elle pourrait faire pour développer son potentiel et être plus efficace face aux apprentissages. Or le jeune à hauts potentiels est souvent peu conscient de ses procédures mentales. Il est dès lors fondamental d’entraîner l’enfant dès son plus jeune âge pour l’éveiller à la manière dont il s’y prend pour acquérir ses connaissances.    

 La gestion mentale, par le biais du dialogue pédagogique comme outil privilégié d’introspection, va ainsi constituer pour lui une aide non négligeable dans la découverte de ses stratégies mentales et donc du développement de son potentiel cognitif. Le dialogue pédagogique consiste en un jeu de questions-réponses permettant une recherche à deux des procédures que la personne utilise ou pourrait utiliser pour s’adapter à une tâche scolaire : par exemple, que fait-elle mentalement quand elle mémorise ? Outre la reconnaissance des ressources du jeune, il implique de la part de l’accompagnant, empathie, accueil inconditionnel et respect ; il est basé sur l’écoute active (reformulation par l’accompagnant de ce qui est dit par la personne). 

En second lieu, la gestion mentale débouche sur une pédagogie du projet. Il sera essentiel de guider tout enfant, et plus encore l’enfant précoce, dans l’anticipation de ses actes, de ses projets, de ses défis par un questionnement sur les moyens d’y parvenir. Ce sera pour lui, souvent économe quant à l’effort à fournir, l’occasion d’un entraînement continuel qui le rendra « acteur » de sa démarche, condition indispensable à la motivation et à une évolution positive.

À partir de cette notion de projet, la gestion mentale rencontre une autre particularité des enfants à hauts potentiels : il s’agit de la recherche de sens. En effet, celle-ci fait partie intrinsèque de leur fonctionnement, elle motive leur pensée et leur procure la sécurité. Tout doit avoir un sens. Or la gestion mentale est fondamentalement une approche basée sur ce concept puisqu’elle a pour mission de faire émerger ce qui fait sens pour une personne dans des situations d’apprentissage. Autrement dit, quels éléments parlent à la personne pour pouvoir être attentive, mémoriser, comprendre, réfléchir, imaginer ? La découverte de ce « sens » va lui permettre de (re)trouver une plus grande efficacité face à une situation donnée.

Le dernier apport de la gestion mentale retenu ici pour l’accompagnement des enfants précoces est qu’elle favorise l’installation d’une relation de dialogue avec les intervenants et avec les parents. L’enfant à hauts potentiels a besoin d’un cadre solide pour se sentir en sécurité, cadre dont il va sans cesse tester la solidité. Par ce fait, le risque est quelquefois grand de créer autour de lui des réactions plus ou moins négatives tant dans le milieu familial que scolaire. Or instaurer un climat de confiance est une condition essentielle d’une pédagogie adaptée : un enfant ne pourra apprendre que si les relations avec son entourage sont positives. Le dialogue pédagogique pratiqué en gestion mentale, de par les conditions dans lesquelles il doit être conduit mais également au travers de la notion même de projet qui remet l’enfant au centre de sa démarche, constitue un élément qui aide à poser les bases d’un dialogue dont la rupture peut être lourde de conséquences pour le jeune.