L’écriture : un mouvement au service du langage.

 Géraldine Henneaux, Graphothérapeute.

061/41 58 32

 

Ecrire, c’est communiquer,
Communiquer, c’est entrer en relation,
Entrer en relation, c’est…parfois compliqué !

 

De la tablette d’argile à la tablette électronique, l’Homme a toujours eu besoin d’entrer en relation et de laisser une trace. Aujourd’hui, les supports sont variés et, pourtant, le crayon et le papier restent des fondamentaux.

 

Bien avant d’accéder à l’écriture, le petit enfant commence à gribouiller et éprouve beaucoup de satisfaction à laisser une trace, pourvu que la découverte soit totale et ses sens tenus en éveil. De récents travaux en neurosciences sont venus démontrer que les exercices d’écriture favoriseraient aussi l’apprentissage de la lecture. En effet un enfant qui trace une lettre cursive,  activerait les mêmes zones du cerveau que lorsqu’il doit reconnaître cette lettre en la lisant.  Ceci indique que la lecture ne ferait pas appel à la seule mémoire visuelle mais aussi à la mémoire sensori-motrice. En outre, ces mêmes travaux mettent en évidence le fait qu’à chaque lettre manuscrite correspond un seul mouvement, alors qu’avec un clavier, la correspondance entre la forme de la lettre et le mouvement est tout à fait arbitraire : un mouvement identique peut aboutir à 2 lettres différentes tandis que la même touche du clavier peut être atteinte par des mouvements différents.  Rien dans le mouvement réalisé pour atteindre une touche ne renseigne donc sur la forme et l’orientation des lettres.

Ecrire n’a donc rien d’anodin. Il s’agit d’un apprentissage qui s’appuie sur des ressources propres à chaque individu (oculomotricité, praxies, coordination visuo-motrice, latéralisation,…) et qui peut être aussi influencé par l’environnement extérieur (relations familiales et sociales, par exemple). En d’autres termes, écrire n’est pas qu’une question de compétences : la qualité des interactions de l’enfant avec son environnement est un terreau essentiel au bon développement de son écriture. Lorsqu’une difficulté d’écriture est mise en évidence, il est dès lors important de s’intéresser non seulement aux mécanismes internes mais aussi aux circonstances dans lesquelles ces difficultés surgissent. L’enfant doit effectivement être approché non seulement dans son individualité mais aussi à travers ses interactions avec les groupes dont il fait partie (famille, école, activités extra-scolaires,…).

L’écriture est le fruit d’un processus au cours duquel l’enfant va d’abord chercher à en comprendre les rouages pour reproduire un modèle. Il se montrera progressivement plus habile pour finalement s’affranchir du modèle et donner à son écriture son caractère unique (personnalisation). Cet apprentissage n’est pas toujours un long fleuve tranquille. Des remous peuvent surgir à tout moment bien indépendamment de la bonne volonté de l’enfant et faire tanguer celui-ci vers une perte d’estime de soi.

Retenons que, pour être efficace, l’écriture doit être lisible (par l’enfant et autrui), suffisamment rapide (pour répondre aux exigences scolaires liées à son niveau d’apprentissage) et enfin, ne pas demander d’efforts disproportionnés. Si l’écriture de l’enfant répond à ces trois critères, nulle raison de s’inquiéter. Si l’un de ces critères s’avère problématique, il est important de demander un avis. Dans tous les cas, la seule recherche esthétique ne constitue pas un motif de consultation.

Quel que soit l’âge de l’enfant, il n’y a guère de difficultés qui ne puissent être dépassées. C’est souvent grâce à ses difficultés que l’enfant peut se découvrir des qualités dont il ne soupçonnait même pas l’existence jusque-là. Selon Albert Einstein, « dans le milieu de la difficulté se trouve l’opportunité ». Alors donnons aux enfants la liberté d’essayer !

Pour aller plus loin:
J.-L. Velay et al.,De la plume au clavier : Est-il toujours utile d'enseigner l'écriture manuscrite?, in Comprendre les apprentissages: Sciences cognitives et éducation, sous la direction de E. Gentaz et P. Dessus, Dunod, 2004