Psycho-somatique ou somato-psychique ?

 

Yoann Thiltgen

 kinésithérapeute, fasciathérapeute, lecture biologique.

00352-266 15 982

 

« Il faut entretenir la vigueur du corps pour conserver celle de l'esprit »

(Citation de Vauvenargues - 1746).

 

Il n'y a plus vraiment à disserter sur le sujet. Le célèbre « mens sana in corpore sano » (« un esprit sain dans un corps sain ») de Juvénal au 1er siècle avant Jésus Christ semble inscrit dans la conscience collective (ou presque!). Mais quel est le lien entre ces deux entités corps – esprit. Toucher le corps peut-il influencer l'esprit ? Comment ça marche ? dirait la petite voix dans « C'est pas sorcier », émission qui a fait son temps (et le mien), présentée par Jamie et Fred. La réponse de Jamie serait peut-être : « pour tenter de répondre en partie à cette question, je vais partir de l'anatomie et développer une piste de réflexion ».

 

Pour cette piste de réflexion, je n'aborderai pas les approches dites spirituelles qui habitent le mot « esprit ». Je prendrai comme ligne de dissertation, le corps dans le sens « matière ». Nous sommes au départ (embryologiquement parlant) un petit ordinateur avec un tube digestif et des pattes, le tout composé de 60 à 70% d'eau. De là, nous pouvons observer, remarquer et sentir que ce modèle (en l’occurrence, celui du bébé) est plutôt mou, souple et tendre et qu'au fil de la vie, nous devenons plus durs, rigides, avec certaines immobilités physiques mais aussi psychiques ; et tendons lentement vers l'état de fossile (sic).

 

Petite voix : Ah bon ? Plus on est jeune, plus on est malléable ? Et plus on est vieux, plus on est rigide ?

 

Jamie : Oui et non ! Explication. Il existe un tissu intelligent qui assure la connexion entre l'ordinateur, le tube digestif et les pattes. Ce tissu est intelligent parce qu'il permet aux informations de circuler dans toutes les dimensions du corps, de la profondeur à la surface, du haut vers le bas, partout. Il est le container de tous les systèmes, les nourrit et les supporte. Ce tissu est nommé « fascia ». C'est lui le trait d'union entre le corps et l'esprit, la conjonction entre les deux. C'est ce qu'on appelle le principe d'unité tissulaire. C'est le fascia qui, lorsqu'il est sain, équilibré  et harmonisé, est souple, chaud, moelleux, tendre et adaptable à son environnement. C'est lui qui, lorsqu'il est stressé, est figé, immobile, dur, sec, froid, rigide et inadaptable à son environnement. Je te laisse imaginer les états d'esprit associés à ces deux états tissulaires différents.   

 

Petite voix : Mais alors, on ne peut pas être vieux et souple à la fois ? Ou même être bébé et tendu à la fois?

 

Jamie : Et si ! En effet, les fascias ont un lien très subtil avec notre environnement. Et donc peu importe l'âge. C'est la raison pour laquelle un bébé peut être tendu et pleurer beaucoup s'il a vécu un grand stress in utero. De même, un personne âgée peut-être souple pour autant qu'elle s'est libérée de ses plus grands stress . C'est l'ordinateur qui capte les informations de l'environnement et le fascia qui est le support  permettant à ces informations de devenir sensibles (en termes de ressenti).  

 

Petite voix : Mais qu'est ce qui fait que ça reste dur ou devient à nouveau souple ?

 

Jamie : Il y a un seuil, une limite. Lorsque la limite n'est pas dépassée, le tissu retrouve sa capacité d'origine. Lorsque la limite est dépassée, on parle de trauma, de conflit. Et donc, en cas d'hyper-stress, le fascia garde, dans un tissu spécifique, l'écho du trauma, la mémoire du vécu conflictuel. Cette mémoire se traduit par une densité, une rigidité, une immobilité. Le tissu devient inadaptable. Et dès lors que le fascia et l'ordinateur sont connectés et fonctionnent ensemble, l'ordinateur garde lui aussi la trace du trauma. Mais non pas sous forme de densité ou de rigidité mais bien sous forme de « bug ». Les plombs ont pété. On pourrait dire que le tissu psychique est affecté. Les « bugs » et les programmes parasités sont l'expression du trauma dans l'ordinateur.( On peut se rassurer à ce propos car le cerveau archaïque lance un programme de survie en réponse qui n'est pas perçu consciemment.) Concomitamment, la dureté, l'immobilité et la rigidité sont l'expression du trauma dans le corps. Cela signifie donc, qu'indépendamment de la connexion qui existe entre le fascia et l'ordinateur, chacun l'exprime de manière différente. 

 

Petite voix : Est-ce cela que l'on nomme « les symptômes traumatiques » ?

 

Jamie : Oui, c'est exact. Les manifestations sont d'ordre corporelle (immobilités tissulaires)et d'ordre psychique (« bugs » dans l'ordinateur). Peter A. Levine, dans son livre « Réveiller le tigre – guérir le traumatisme », cite, parmi les manifestations psychiques : hyper-vigilance, hyper-activité, humeur instable, attaque de panique, anxiété, réaction émotionnelle excessive, amnésie, manque de mémoire, timidité excessive, sommeil difficile. 

Quant aux manifestations corporelles, elles se traduisent notamment par des tissus immobiles, figés, denses, rigides, secs et froids.

 

Voilà Petite voix, j'espère avoir éclairé ta lanterne sur ce sujet ! Bye Bye.

 

En guise de conclusion, fort de 17 années d'expérience et de travail sur le corps, il me semble nécessaire d'associer techniques corporelles et engagement au dialogue avec le patient ; favoriser une ouverture à son contexte et à son vécu afin d'atteindre une harmonisation somato-psychique et psycho-somatique et libérer la personne de ses schémas, de ses « bugs » et douleurs associées.

 

Liens utiles :

www.bio-sante.fr/fasciatherapie.html

www.fasciatherapie.be

www.cerap.org